Toujours d’actualité

Je lisais dernièrement un livre d’Arturo Perez-Reverte, livre écrit en 1997 et dont l’action se déroule du temps de l’inquisition en Espagne. Ce passage me parait particulièrement approprié à la situation actuelle.

… la détermination glacée de celui qui se sait dans le droit-fil des lois divines et humaines et qui jamais ne met en doute la probité des ses actes. Plus tard, avec le temps, j’ai appris que si tous les hommes sont capables de faire le bien et le mal, les pires sont toujours ceux qui, quand il font le mal, s’abritent sous l’autorité des autres et prétextent qu’ils ne font qu’exécuter les ordres. Et si ceux qui disent agir au nom d’une autorité, d’une hiérarchie ou d’une patrie sont terribles, bien pires encore sont ceux qui justifient leurs actes en invoquant un dieu. Quand il m’est arrivé d’avoir à traiter avec des gens qui faisaient le mal, ce qu’il n’est pas toujours possible d’éviter, j’ai toujours préféré ceux qui étaient capables de prendre leur responsabilités. … il n’y a rien de plus méprisable et de plus dangereux qu’un méchant qui se couche tous les soirs la conscience tranquille. C’est le pire qu’on puisse imaginer. Surtout quand cette bonne conscience s’allie à l’ignorance, à la supersition, à la stupidité ou au pouvoir, ce qui n’est pas rare. Pire encore, quand ils se font les exégètes d’une seule parole, que ce soit le Talmud, la Bible, le Coran ou que sais-je encore. Je n’ai pas coutume de donner des conseils—l’expérience des uns ne sert jamais de leçon aux autres—mais en voici un qui ne vous coûtera guère: méfiez-vous toujours de ceux qui ne lisent qu’un seul livre.