Quelques questions d’même en passant

Petite tempête Montréalaise ce matin, Patrick Lagacé révèle un faux blogue monté pour promouvoir les Bixi (en cachette). Avant de continuer; je l’aime bien Pat mais après le gigaméga (mais pas tant que ça) scoop sur les saoulons du Canayen je trouve qu’il fait pas mal Bisbille Marketing™ à la Réjean Tremblay où Michelle Blanc, tout est tout le temps tellllllement grave. Recherche de hits, recherche de liens, recherche de scoop.

L’histoire résumée rapidement: l’agence Morrow Communications a créé un faux blogue animé par de fausses personnes pour soit disant parler de vélo à Montréal mais avec le but réel de mousser l’intérêt pour ce domaine avant l’arrivée du Bixi. Mandat payé par Stationnement Montréal qui lance les dits Bixi.

Outrage de par la blogosphère 1 et twitosphère ce matin, “que c’est inacceptable”, “maudits qu’y comprennent pas”, “une agence avec un site en Flash ose faire du Web 2.0”, “quelle crosse”, “quelle bullshit”, etc, etc. Lynchage en règle et assez rapide merci.

Je doit dire que je ne trip pas moi non plus sur l’initiative mais j’aimerais rappeler une autre panique il y a quelques semaines, encore une fois partie par un journaliste; la ennième discussion journalisme vs blogues. J’ai vu passer les titres et quelques twitt mais j’ai ignoré la chose le plus possible, vraiment vieux comme obstinage. Je rappel cette autre panique parce qu’une des choses dont on parle souvent lors de ces débats c’est qu’il n’y a plus de frontière fixe entre pro et amateur, tout le monde peut publier. On rappel aussi que de dire “les blogues” c’est comme dire “les livres”, c’est une patente qu’on utilise pour écrire, certains blogues sont des journaux personnels, certains sont des magazines avec articles recherchés, certains sont éditoriaux, certains sont collectifs, certains sont… vous voyez ce que je veux dire; un blogue c’est n’importe quoi, ce n’est pas une seule chose et surtout ce n’est pas la même chose pour tout le monde, c’est un outil de publication et de communication. On (les bloggeurs) aime bien rire des journalistes qui ne comprennent pas ce nouveau monde et aimeraient conserver leur exclusivité sur l’écriture, on rigole bien en leur expliquant que les lignes sont effacées, les frontières entre pro et amateur éliminées.

Quand on parle de blogue et de multiplication des sources d’information on parle aussi souvent qu’il faut maintenant que les gens apprennent à peser le pour et le contre, à connaître la source, à déterminer ce que ça vaut. On ne peut plus (on aurait jamais dû en fait) faire confiance aveuglément à une source parce que ce sont des pros. Un bloggeur peut écrire un article en apparence aussi recherché qu’un journaliste et que ce soit cousu de fil blanc, un journaliste peut blogger, un bloggeur peut être la sommité dans un domaine, un journal peut sortir de la bullshit tous les jours. C’est mouton blanc et blanc mouton, tout le monde fait de tout et il faut s’y faire et apprendre à naviguer la-dedans.

En pub on vois souvent de fausses familles qui font semblant de vivre quelque chose, ce sont des personnage inventés de toute pièce, même chose avec les pubs de magazine ou on nous montre une scène, un monde, construit de toute pièces. Quand c’est une pub on sait bien que s’est inventé, parce que justement c’est une pub. Un reality show c’est la réalité filmée ou un show à demi scripté et joué par des amateurs? Un documentaire édité à tout de bras c’est un documentaire ou une fiction? Les lignes entre réalité et invention s’effacent, faut apprendre à y naviguer et à voir ce qu’on en tire (ou pas) une fois qu’on a trouvé ce que c’est.

Je ne défend pas les gens de Morrow, comme je le disais j’ai tendance à ne pas apprécier et je digère encore un peu la chose avant d’être certain de ce que j’en pense (c’est bon des fois de réfléchir avant de fusiller) mais au lieu de crier au scandale est-ce qu’on ne devrait pas se demander si, comme la ligne s’efface entre pro et amateur, comme la ligne s’efface entre ceux qui peuvent publier/communiquer et ceux qui ne peuvent pas, est-ce que d’autres lignes ne s’effacent pas aussi? Si on n’est plus certain de ce qui est pro et de ce qui est amateur, peut-être qu’en même temps les mêmes technologies font qu’on devras aussi se questionner du vrai et du faux?

Pourquoi est-ce que les journalistes ne peuvent pas s’indigner de l’arrivée des bloggeurs mais les “vrais” bloggeurs ont eu le droit de s’indigner de l’arrivée de “faux” bloggeurs? Un moron qui blogue des moronneries ça ne nuis pas aux blogues parce que c’est “vrai” mais un bon bloggeur fictif c’est méchant parce que c’est “faux”? Il me semble qu’on se moque d’une distinction faite par certains pour se garrocher et nous mêmes en faire une autre non?


(1) Notez que le problème de plusieurs ce n’est pas de voir mentir ou fourrer le monde, c’est le tort que ça peut faire au domaine. Lire “ça fuck nos chances de vendre du web 2.0 à nos clients quand du monde de même fuck le marché”. Pas intéressés du tout comme commentaires right?

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